dernier ouvrage des "PINSON-CHARLOT"

"NOTRE VIE CHEZ LES RICHES" aux éditions "la Découverte"

, par JN

Résumé du livre par André Oliva le 24 décembre 2021

« Notre vie chez les riches »

Dans ce livre, publié à la Découverte, Les « Pinson-Charlot », sociologues, racontent la bonne trentaine d’années qu’ils ont passé à étudier un milieu très fermé et qui n’avait jamais été étudié systématiquement avant eux : la très haute bourgeoisie. Tout en nous parlant de leur travail, ils nous dressent un tableau de cette très petite minorité qui détient richesse et pouvoir. Plusieurs traits la caractérisent : d’abord l’entre-soi. Ce sont des gens qui ne se mélangent pas aux autres. Ce sont des parisiens vivant pour l’essentiel dans le 16ème arrondissement et à Neuilly. Et même parfois dans de vrais ghettos de riches comme la « Villa Montmorency » dans le 16ème, petit quartier clos et gardienné composé d’hotels particuliers et d’immeubles de luxe où habitent entre autres Nicolas Sarkozy, Vincent Bolloré Arnaud Lagardère Xavier Niel.
Ils sont voisins et entretiennent cet entre-soi aussi dans des clubs très fermés que sont le Cercle de l’Etrier ou l’Automobile club de France, le Cercle Interallié ou encore figurer dans le « Bottin mondain ». Pour y entrer il faut être parrainé par deux membres du club et être agréé par une commission qui examine votre candidature. Entre-soi toujours dans une vie mondaine très active avec dîners, cocktails, vernissages.
Il y a pire comme contrainte sociale, mais, de plus, ces activités, en apparence frivoles sont essentielles pour le fonctionnement de cette classe.On y noue des contacts, des informations y circulent, des réseaux s’y tissent en toute discrétion. Entre-soi encore dans l’éducation des enfants qui fréquentent des établissements privés prestigieux comme l’École alsacienne, Saint Louis de Gonzague. - C’est là que Brigitte Macron enseigna aux enfants de Bernard Arnault.-
Cette classe a aussi un système d’éducation assez particulier : les rallyes. Ils sont organisés par les parents pour les enfants à partir d’une dizaine d’années qui sont réunis dans des groupes informels pour des loisirs où l’on fait des visites culturelles,où l’on apprend des jeux de société, mais pas n’importe lesquels : le bridge par exemple, où on s’imprègne de la culture et des codes du milieu pour pouvoir plus tard y être à l’aise et savoir reconnaître ses semblables.

Autre caractère de ce milieu, une conscience de classe affirmée et assumée.La vision de la société où ils occupent une place dominante leur paraît naturelle, aller de soi. Et ils font bloc pour la défendre. Et quand chez certains des convictions religieuses les poussent à questionner leur richesse, c’est pour les amener à des œuvres charitables pas à remettre en cause le système qui leur a fait posséder cette richesse.
Il peut paraître surprenant de voir que leurs études ont été pas mal accueillies dans ce milieu alors que ils se référaient plutôt à Marx ou Bourdieu. Mais, en fait, ils le décrivent objectivement sans jamais juger les personnes avec lesquelles ils ont même pu parfois nouer des liens sinon d’amitié au moins de sympathie. Comme leur a dit une fois un de ces bourgeois : « Nous prenions Pierre Bourdieu pour un affreux gauchiste, mais en fait ce qu’il décrit, c’est exactement la réalité. Nous avons le sens pratique de notre classe, vous nous en avez apporté la théorie, confirmant ainsi notre bon sens pratique. »

Ce n’est qu’après avoir pris leur retraite du CNRS où ils étaient devenus directeurs de recherche que les scientifiques qu’ils sont ont pris la parole en tant que citoyens.Mais en gardant la même solidité dans leur documentation et la même rigueur dans leur démonstration. Avec des livres comme « Le président des riches » sous Sarkozy et « La violence des riches » sous François Hollande.Ou encore l’argent sans foi ni loi en 2017.